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FONCTION DU CARNAVAL
Martial GIL
Deux costumes vénitiens XVIII ème siècle, la beauté absolue, le rêve, les yeux fixés comme vissés par un a-i-mant, le décor, la salle parait sordide alentour, transporté en une seconde à Venise la Sérénissime.
Venise, le paraître, Venise, les lourds secrets de la République pas du tout avouables du tréfonds des âmes, derrière les masques somptueux, le noir des âmes derrière le fond de teint du maquillage, l’humain danse, volupté, marivaudage, perfidie, perversité, beauté, tout est la ; l’imagination vogue, derrière le somptueux, la crasse des âmes et des corps, le temps d’une fête dans l’anonymat. Intrigue, petite vérole, dague, dansons, masques, défions Dieu par nos turpitudes, il ne nous reconnais pas. Défions la mort, défions la règle, nous sommes immortels.
Le temps ? Le temps ? Demain nous ferons pénitence, nous recraindrons le jugement de Dieu, le jugement des hommes, nous baisserons à nouveau la tête ; la peur de la mort hideuse tourmentera à nouveau notre corps et notre âme.
Ce soir dansons, Dieu ne nous reconnaîtra pas ; demain sera un autre jour.
Les impressions recueillies auprès d’une de mes amies, suite à notre soirée philo sur le Carnaval m’a contraint à ma recherche dont je vous livre quelques lignes.
A priori, la date du Carnaval correspond au solstice d’hiver, c’est l’hiver qui est condamné, le feu évoquant la régénération de la lumière grandement au soleil. Il permet de purifier tous les esprits maléfiques nuisibles qui rodent.
Le Carnaval participe au rythme du temps. Il marque les festivités de la fin et du recommencement d’un cycle annuel. Les hommes inscrivent leur vie dans ce monde qui se reproduit chaque année. Le temps s’écoule normalement pendant l’année puis repart en sens inverse pendant la durée festive, c’est pour cela que dans le Carnaval l’on retrouve les jeux d’inversion des rôles, l’écoulement normal de l’année reprendra ensuite. Dans les rituels anciens, les esclaves étaient servis par les maîtres et un Roi de substitution prenait temporairement le pouvoir, pendant que le Roi légitime prenait un statut de paysan lui permettant de se régénérer par la terre, pour retrouver les vrais valeurs qu’il appliquera l’année suivante après cette phase festive. Le faux Roi porteur de tous les vices sera sacrifié à l’issue de la fête. Depuis tous les Roi de Carnaval sont symboliquement brûlés.
Le Christianisme s’est chargé de récupérer les anciens cultes de fin d’année ( de jonction du cycle lunaire et du cycle solaire) que sont les Luperques romains et les Saturnales.
Les dieux païens du passé ne sont pas morts, ils n’ont pas disparus, ils sont maintenant reconnus comme Démons.
Pour l’église l’usage du masque au théâtre comme dans les rites est une atteinte au créateur, car l’homme est fait à son image.
Logiquement les enseignements des Pères de l’église auraient du éradiquer toutes les mascarades, car elles sont du royaume du Malin, il n’en est rien, certaines fêtes masquées ont pris leur essor dans l’ombre d’un Christianisme triomphant.
Il faut donc entendre dans le tumulte du débat moins une volonté d’éliminer le férial antique qu’un effort pour l’intégrer le fixer dans un autre temps, lui donner un sens nouveau. Il est donc inclus dans le déroulement d’une année qui va de Toussaint à l’Avant et à Noël puis se poursuit par le Carnaval, le Carême, Pâques et la Saint Jean de l’été.
Avant la période de jeune du Carême se déploie le Carnaval païen, au XVI ème siècle il y a deux Carnavals en ville, la fête est très organisée, très spectaculaire, les campagnes elles mettent en place un rituel lié aux saisons, à travers le masque c’est la prospérité que l’on appelle. L’irruption carnavalesque perturbe l’ordre social habituel par un phénomène d’inversion, il se donne un Roi, l’homme se déguise en femme, la femme en homme, c’est le retour du monde sauvage païen dans une société policée par rapport au Carême, c’est une période de licence joyeuse où les règles de la vis normale sont suspendues temporairement, c’est le monde à l’envers, celui où les tabous et les interdits sont levés, tous les excès sont permis, la ripaille et la licence des mœurs sont les éléments fondamentaux de ces réjouissances. Le temps le plus fort se déroule pendant les trois jours gras, dimanche, lundi et surtout mardi qui précèdent les Cendres, le mercredi est début du Carême quarante jours avant Pâques.
Carnaval contre Carême
Viande contre poisson
Gras contre maigre
Ivresse contre sobriété
Licence contre abstinence
C’est l’affrontement de deux périodes de l’année et de deux conceptions du monde. Chaque année sa majesté Carnaval revient entouré de sa troupe pour faire oublier les privations de l’hiver et annoncer le retour du printemps, le changement de saison, cette transformation de la nature est symbolisée par un autre changement, une autre transformations les gens oublient leur condition en se travestissant et en jouant un autre rôle social.
Cet espace de liberté totale est autorisé en guise de soupape de sécurité par l’autorité qui retrouve le cours normal de la loi lorsque le Roi Carnaval est brûlé.
Peut on parler de licence dans un espace de liberté, dans cette parenthèse où se joue la liberté totale où tout est permis tout est épars tout est désordre, avant que l’ordre établi remette tout ce beau monde débridé en ordre de travail pour le cycle suivant ?
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