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Essais philosophiques de Fernand Reymond

ANALOGIE ENTRE LES IDEES PLATONICIENNES ET LES ARCHETYPES JUNGIENS

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ANALOGIE ENTRE LES IDEES PLATONICIENNES

ET LES ARCHETYPES JUNGIENS

Platon distingue le sensible et l'Intelligible, le fruit de la raison. Le sensible accessible à la perception est soumis aux aléas du corps avec tous ses effets de leurre. L'Intelligible sécrète les idées dont les termes derniers sont divins, formes idéales qui circonscrivent le beau, le bien et la vérité.

Pour Platon, dans son dialogue "Phèdre", les idées sont des réminiscences de l'âme immortelle du temps où elle commerçait avec les Dieux. Il reprend l'enseignement de Socrate qui croit en la réincarnation de l'âme qui à l'origine fréquentait les dieux avant sa chute sur terre.

Celle-ci se remémore par bribes ces idées qu'elle a rencontré au cours de son séjour céleste et l'effort de la raison est nécessaire pour les retrouver dans sa nouvelle condition d'incarnation soumise à l'impérialisme du sensible de cette âme déchu dans ce corps et, pour retrouver après la mort le nirvana, l'âme doit se soumettre à la discipline de la philosophie dialectique afin de s'épurer.

Cet accès aux Idées est possible par la dialectique, la maïeutique socratique, pour retrouver les idées princeps, ces symboles idéaux quintessence de la vérité.

La maïeutique est à rapprocher de la cure psychanalytique selon Carl Gustav Jung, dont le but est d'exhumer les archétypes de l'Inconscient, ces figures symboliques idéales qui nous viennent de la nuit des temps.

Les idées chez Platon sont l'objet d'un véritable culte philosophique ; pour Jung les archétypes ont été dans un lointain passé objets de rites conservateurs et correspondaient à une réalité subjective et sociale.

C'est la désaffection dont ces archétypes furent l'objet qui les firent tomber dans l'Inconscient où ils sont désormais actifs clandestinement, délaissés par la conscience, le culte rationnel ayant rangé au magasin des accessoires, au grenier, ces symboles toujours vivants de la psyché qui médiatisent les oppositions mâle/femelle, bien/mal etc …

Ces archétypes peuvent faire l'objet de réminiscences à travers les productions oniriques et artistiques, dans cette aire de la création où l'inconscient règne en maître par leur biais et qui fascinent encore l'homme moderne, esclave de la raison matérialiste et technocratique, qui y trouve l'esthétique originale, primordiale, le paradigme perdu de ses pulsions réprimées.

L'homme est aussi soumis aux archétypes du puer et du senex qui cohabitent en lui quel que soit son âge, coexistence simultanée du père et du fils, du sage et du puéril et dont le christianisme des origines a créé le dogme de la consubstantialité du père et du fils.

Toutes ces figures idéales, créations ex nihilo dans l'entropie du chaos pulsionnel, pour mettre de l'ordre dans le désordre naturel par le biais de créations culturelles, métaphoriques, synthétisant les oppositions, sont un effort pour rendre intelligible le sensible, jusque dans les impasses de la perception.

Cette perception oblige à distinguer des extrêmes, froid/chaud, droite/gauche, haut/bas etc… et condamne le sujet à s'oublier sous l'un de ces termes lorsqu'il s'identifie à l'autre, son opposé, et le confine dans un dualisme manichéen absolu dont il ne peut s'extraire qu'en créant des symboles, ambidextres, ambivalents, ambigus, amphibiens. La vérité oblige à la reconnaissance de l'ambivalence et seules les idées platoniciennes ou les archétypes jungiens réussissent l'union des contraires et libèrent le sujet de l'effet aphanisique du signifiant binaire, c'est à dire que, s'identifiant à l'un des signifiants opposés, il s'oublie sous le signifiant antinomique. L'androgyne du " Banquet " de Platon est un de ces archétypes communs à l'analyse jungienne et à la maïeutique socratique qui permet aux sujets d'adopter d'autres identifications que celle que leur offre la nature.

Ces créations esthétiques mythiques sortent les individus de l'hégémonie de la perception, de la conscience en soi selon Hegel pour accéder à la conscience pour soi, c'est à dire à la conscience selon leur désir.

L'arbre de la connaissance est aussi un archétype qui concilie les racines historiques de chaque être avec son expansion vers l'avenir, à travers ses branches s'élançant vers le ciel. Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette correspondance entre les idées platoniciennes et les archétypes jungiens de l'Inconscient.

La dialectique est peut-être moins bien armée pour accéder à ces symboles que la procédure des associations libres telle qu'elle est préconisée en psychanalyse, car la raison raisonnante se cache derrière des défenses pour masquer la vérité. Pour que la sédimentation inconsciente vienne à jour, il convient de se débarrasser du conditionnement réaliste et tel le poète, se laisser aller à l'inspiration, comme dans la technique du cadavre exquis qu'adoptaient les surréalistes ou celle de l'écriture automatique.

Les Surréalistes, comme les Symbolistes, excellent à rendre compte des archétypes de l'Inconscient. Ce sont les deux écoles d'art qui se sont attachées à dépasser les contraintes de l'art réaliste ou classique et à transfigurer l'objet dépouillé des impératifs de la perception naturelle pour en faire des figures culturelles idéales marquées de l'empreinte de l'Inconscient, de sa logique emblématique, usant du procédé de l'allégorie, dont Salvador Dali et Gustave Moreau sont les chantres. L'Inconscient dispose d'un pouvoir d'évocation des phantasmes à travers deux figures de rhétorique principales, la métaphore et la métonymie.

La métonymie use du procédé du déplacement, la métaphore a comme procédé d'évocation la condensation, c'est à dire qu'elle combine les qualités de l'objet et les condense en un figure symbolique métamorphique à plusieurs sens jouant sur l'analogie. La métaphore dans la linguistique moderne a pour définition d'être un signifiant auquel correspond plusieurs signifiés, par opposition à la métonymie définie comme un signifiant auquel ne répond qu'un seul signifié, ainsi la métonymie est déplacement de sens, la métaphore condensation de sens.

Métaphore et métonymie, ces deux arcanes de la rhétorique, illustrent le fonctionnement de l'Inconscient qui contrairement à la raison, a horreur des formules abstraites et donne toujours à voir ce qui confirme son caractère hallucinatoire modifiant les images de la réalité données par la perception .

La Salomé de Gustave Moreau est une allégorie de la confrontation Anima/Animus.


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